mercredi 12 mars 2014

Yahoo! et la croissance externe à marche forcée


Pour la première fois depuis deux ans, l’entreprise californienne devance son grand rival Google. Après sa nomination à la tête de la firme, Marissa Mayer procède aux rachats effervescents de nombreuses entreprises. Une politique qui suscite la polémique, mais donne un second souffle à Yahoo!.

Marissa Mayer, rien ne l’arrête…
En juillet 2012, Marissa Mayer prend la tête de Yahoo!  et l’entreprise entame une série d’acquisitions de sociétés dans divers domaines. Dans un communiqué, Yahoo! justifie ses rachats par le désir d’investir et de faire croître la technologie du Web. La nouvelle CEO compte relancer ce pionnier de l’internet en s’intéressant de près à la vidéo et aux contenus personnalisés numériques. L’ambition de la firme est de développer ses audiences en investissant dans le mobile. Ces cibles sont entre autres Summly, une application résumant les actualités, et Loki Studios, un jeu vidéo. Dans le but de rentabiliser ses espaces publicitaires, la société procède également à l’acquisition d’Admovate, une entreprise de ciblage publicitaire. Le plus important rachat concerne Tumblr dont le montant est évalué à 1,1 milliard de dollars. Yahoo! signe sa 21e acquisition avec Rockmelt. Un nombre important de rachats qui pousse les analystes à se demander quel est l’objectif de la stratégie de Mayer. 

Outre le mobile, les réseaux sociaux sont aussi en ligne de mire. Afin de rattraper son retard par rapport à Google et Facebook, des microblogs comme Tumblr et Rockmelt lui permettent d’intégrer la dimension réseaux sociaux à la navigation traditionnelle sur la toile. Cependant, en vue d’augmenter son audience, Yahoo! rachète également des plateformes de communication comme OnTheAir et Astrid. Le groupe envisage également d’attirer de nouveaux talents de l’informatique pour développer et innover. Après un an de règne, le chiffre d’affaires a baissé de 7 % contre un bénéfice net en hausse de 46 %.

… sauf le gouvernement français

Après un parcours sans faute dans sa série d’acquisitions, Yahoo! se retrouve bloqué par le gouvernement français lors de son projet d’achat de Dailymotion. Elle espérait que la société tricolore deviendrait la rivale de You Tube de Google. Le ministre Arnaud Montebourg a, cependant, refusé la cession de Dailymotion. Pour riposter contre ce concurrent direct, Yahoo! décide de collaborer avec Apple et Microsoft et tente d’acquérir Hulu.

Marissa Mayer a apporté une profonde refonte dans la politique de travail et marketing de Yahoo!. En plus des rachats, elle a aussi supprimé 12 services en ligne qui n’occasionnaient que des charges pour l’entreprise. Elle impose également des mesures drastiques dans le cadre du travail. Depuis son arrivée, le nombre de salariés a été revu à la baisse. La stratégie de recrutement devient plus stricte, les embauches demandent désormais son accord. Les contrats de travail incluent une clause obligeant les employés à rester plus de deux ans dans la firme pour rentabiliser leur acquisition et le travail à domicile n'existe plus. Pour ne pas faire les choses à moitié, elle change le logo de Yahoo! dans un but purement marketing.

Yahoo!, une performance encourageante

Après un an de règne, le bilan est très encourageant pour Marissa Mayer. La société a réussi à atteindre 196,6 millions d’usagers et devance Google et Microsoft. La visite de ses sites de services a augmenté de 21 %. Après les rachats frénétiques qui ont suscité le débat et la refonte complète de son organisation et de sa structure, le résultat est positif pour Yahoo!. La nouvelle CEO est déjà considérée comme un personnage charismatique à l’image de Jobs chez Apple ou Zuckerberg chez Facebook.

La stabilité des activités et les améliorations apportées ont permis au groupe d’inverser la tendance et d’augmenter le nombre de fréquentations. L’entreprise prévoit une croissance au dernier trimestre, malgré une chute de ses actions de 2 % avant de regagner 1,4 %. Le marché du mobile se positionne clairement comme sa priorité pour constituer la majorité de ses revenus étant donné qu’elle perd sa place dans le secteur de la publicité.

La publicité, principale source de revenus de la firme est, en effet, sujette à des inquiétudes. La marque n’intéresse plus les groupes prestigieux et le nombre de publicités affiche une baisse de 2 % en un an. Selon eMarketer, cette tendance se poursuivra cette année avec une chute de 3,1 %. Yahoo! espère accroître les opportunités face à un taux d’audience en pleine croissance. Pour rester dans l’ère de l’innovation, l’entreprise mise sur les nouveaux talents de l’informatique afin de propulser son département recherche et développement.